J'ai récemment appris à utiliser GH pages pour transformer les repertoires GitHub en pages de blog. J'ai proposé à Noémie de le faire pour notre "Truc". C'est bien plus accessibles pour celles et ceux qui n'utilisent pas GitHub. En fait plus que de la faire, je lui ai proposé de lui apprendre à le faire. "Carrément" qu'elle me répond. C'est chouette rien de tel que de transmettre pour apprendre. On se prévoit une session bientôt. A Barcelone ça pourrait être chouette. Affaire à suivre.
C'est la deuxième proposition. On commence à parler un peu du travail qu'on fait ensemble et ça à l'air d'intéresser celles et ceux avec qui on en parle. On décide de programmer de nouvelles cessions avec d'autres meufs. On pense entre autres à Maïtané Lenoir, Armony Altinier, Marie-Cécile Paccard...
L'idée : continuer à agréger et intégrer d'autres meufs dans la boucle.
Le truc c'est qu'on sait pas encore trop où on va. Mais on s'en fout. Chaque échange est tellement riche qu'on apprend à chaque fois. Pour l'instant c'est suffisant.
Aussi on réfléchi à comment présenter notre démarche à celles et ceux avec qui on aimerait intéragir. En gros, ça donnerai un truc comme ça : “On échange sur les notions de soin apporté à des interactions et à des rencontres. (On parle de soin, de safe, de code of conducts par exemple). C’est une discussion libre, on diverge, on note et on documente dans l'idée de rendre les réflexions accessibles tout en espérant qu'au bout d'un moment ça converge”.
Réflexion n°1 - "Quand je suis en mode survie (ou que je crois l'être) je ne peux plus m'en référer à mes valeurs"
C'est ce que j'ai appris récemment suite à un atelier que j'anime sur les "trucs et astuces pour créer un cadre de collaboration safe". Depuis, plus je pose mon attention sur cette phrase et plus j'ai la sensation que l'idée qu'elle propose est pertinent.
Restons ici dans un contexte professionnel (bien que cette logique puisse s'étendre dans pleeeeeiiiin d'autres domaines)
En situation de stress, d'urgence, si ma sécurité est menacée (ou si j'ai l'impression qu'elle l'est), raisonner pour me rappeler aux valeurs qui m'animent et décider à partir d'elles, est difficile.
Ce constat nous pousse à souhaiter anticiper au maximum ces situations. Eviter le stress, éviter les urgences. Ne pas décider sous-stress, ne pas décider en urgence pour préserver nos valeurs et rester congruantes. Parfois c'est impossible. Existe-t-il alors des stratégies à mettre en place pour ne pas être "victime" du rythme insoutenable créé par l'urgence ou le stress ?
Noémie et moi nous rejoignons sur ce constat qu'échanger avec des personnes qui savent écouter c'est vraiment confortable. La qualité d'écoute est un exercice que j'ai mis du temps à pratiquer un peu plus instinctivement. Il m'a fallu plusieurs mois de musclage de cerveau pour me sentir à l'aise.
Parceque je crois que l'écoute est un aller-retour perpetuel cerveau gauche/cerveau droit. C'est comme une danse. Je dois mobiliser mon cerveau gauche pour être dans l'écoute précise et pragmatique de ce que l'autre est en train de dire, et en même temps, je dois faire appel à mon cerveau droit pour rester en connexion intuitive avec ce que l'autre est en train de vivre.
L'intention
Avant toute interaction je me connecte à l'intention d'être en relation avec l'autre, connectée et de lui être utile. D'être là avec et pour lui·elle.
L'empathie, reconnaître le sentiment
Mes deux émpishères opérationnels, je peux repérer/reconnaître les émotions de l'autre et entrer en empathie avec lui en les renommant et en reformulant. "Oui j'imagine que quand il·elle t'a dit ça, tu as du être en colère/triste et te sentir désemparée. C'est ça ?".
Faire écho, reformuler
Renomer, reformuler le sentiment permet de faire écho à l'autre, d'accuser réception. Il·elle se sent alors entendu·e et compris·e.
"Oui j'imagine que quand il·elle t'a dit ça, tu as du être en colère/triste et te sentir désemparé·e. C'est ça ?".
Les silences
Souvent ils mettent mal à l'aise pourtant ils peuvent jouer un grand rôle dans les interactions. Les préserver permet à l'autre de se connecter à ce qu'il·elle est en train de vivre, de laisser un respiration aux émotions, à la réflexion. Et surtout de prendre soin du rythme de chacun·e. Je trouve qu'ils apportent de la douceur.
Exprimer ses sentiments et non son opinion
Pour aller plus loin dans l'écho, en tant qu'écoutant·e, je peux aussi parfois prendre la parole autrement que pour reformuler. Les quelques précautions que je peux prendre pourraient être :
- de demander à l'autre si je peux lui partager quelque chose
- poser une question d'éclaircissement, pour mieux comprendre ce dont il·elle parle
- partager un ressenti "Quand tu me dis ça, je me sens ému·e."
En repenssant à l'atelier sur la parole et le genre de Raphaël Pierquin, je partage mon envie à Noémie de le vivre en étant moi-même en posture d'oppresseuse (cf dernier paragraphe de l'article).
J'aimerai par exemple pouvoir remettre en question mon rapport au handicap et me confrontrer à ma posture validiste et m'améliorer. Je me demande alors comment faire pour interpeller des personnes oppréssées, en l'occurence ici des personnes handicapées.
Je repense à une des vidéo de Margot qui a créé la chaîne Youtube Vivre avec qui dans dit à un moment "en tant que personne handicapée, je ne suis pas là pour éduquer les valides à ne pas être validistes" de la même manière que je ne suis pas là pour éduquer les hommes virilistes/machistes/misogynes.
Du coup je m'interroge. "Comment je fais pour me remettre en question sur cette posture ? J'ai besoin d'eux·elles."
Noéms : "Ben oui mais là c'est différent, si tu t'appuie sur le format de l'atelier de Raphaël, c'est pour libérer la parole des personnes handicapées nan ?"
Julia : "Hummm...je ne suis pas sûre que mon intention première soit de libérer la parole des personnes. Je crois que mon intention c'est avant tout d'apprendre, de comprendre pour me remettre en question et faire mieux. Dans ce cas, utiliser le format de l'atelier de Raph (qui au passage permet de libérer la parole d'une population oppressée) est en réalité une stratégie au service de mon intention tout à fait égoïste. Et ça ça change plein de trucs...
Noems : "D'ailleurs tu vois je me rends compte que j'ai employé le mauvais mot, il ne s'agit pas de 'libérer la parole' (elle existe déjà) mais de la favoriser".
C'est toujours en parlant de l'atelier sur la parole et le genre qu'on a pris la mesure de l'importance du rôle du·de la facilitat·eur·rice dans la préservation d'un cadre d'interaction safe.
Personnellement, je trouve que cette posture est assurée si je me dis "c'est bon, si ça dérappe, il·elle (le·la facilitat·eur·rice) saura gérer". Les quelques trucs qui me permettent de ressentir ça sont :
- une capacité d'écoute
- de la reformulation
- un parti-pris (le·la facilitat·eur·rice osera interrompre, réagir si ça dérape)
- une sorte de présence rassurante "il·elle est bien dans ses baskets, il·elle sait où il·elle va."
L'agile Open France du 3 au 7 juillet, l'occasion parfaite pour tester des trucs et confronter/enrichir nos réflexions
En juillet on participe toutes les deux à l'Agile Open France. 4 jours de forum ouvert dans les Cévènnes. A travers nos échanges, tout un tas d'idées ont émergées, c'est l'occasion rêvée pour tester ces idées et Julia propose qu'on le fasse.
Un de mes ateliers préférés auxquel j'ai participé lors du forum ouvert de Sudweb a été celui du Théâtre forum, sur les interactions.
Les facilitatrices ont fait la démo d’une même situation, oppressive puis avec l’usage de la CNV, et nous ont fait décrypter les différences, puis appliquer ces principes en petits groupes.
J’aime beaucoup ces formats parceque créer des petits groupes, permet de provoquer une “vraie rencontre” (d’autant plus que là on nous incitait à partager une anecdote personnelle) et qu’en plus l’exercice met à l’épreuve ce qu’on pense qui sera facile de maîtriser.
Par exemple : j’ai trouvé que la reformulation, était un exercice super difficile. Rester naturelle, trouver les bons mots, ne pas couper la personne… C’est pas si évident ! Ça demande beaucoup de pratique.
Ensuite, Julia se dit qu’on pourrait faire le même genre de mises en situation avec nos idées. Je ne la rejoins pas encore sur ça mais ça mijote bien au chaud.
On se retrouve à Sète, en vrai, pour continuer à travailler. On a plein d'idées de trucs qu'on aimerait faire notamment commencer à agréger nos réflexions via une grande cartographie...
Hâte de se retrouver.